LUI...
En ce temps - là et Aujourd'hui ...
Depuis toujours son originalité me plaît.
L'audace et la clarté de son discours me séduisent.
Sans peine je l'imagine.
En ce temps - là ...
Il parcourt les villages de Galilée, actuelle région du nord d' Israël.
Sa famille est originaire de Nazareth, aujourd'hui importante ville arabe.
On hésite sur le lieu exact de sa naissance. Généralement on la situe à Bethléem, en Palestine actuelle. Certains la localisent à Nazareth.
Il est juif. Il s'appelle Yeshoua, Ïsä, Jésus. S'il naissait aujourd'hui, on dirait qu'il est arabe de religion juive.
Aujourd'hui ...
À Jérusalem ...
Le voilà qui déambule dans les ruelles escarpées du quartier juif de la vieille Jérusalem, y croisant ses compatriotes religieux orthodoxes portant chapeaux noirs et papillotes.
Enraciné dans sa religion, qu'il connaît parfaitement, il entre dans les synagogues. Il ose y prendre la parole, lit les textes sacrés, cite les prophètes, rappelle la "Loi" et l'enseigne. Il suscite quelquefois l'intérêt, souvent la méfiance. Quand on ne veut plus de lui et qu'on le chasse, il ne s'impose pas. Il "secoue la poussière de ses pieds" et se rend en d'autres lieux.
En d'autres lieux ...
Le voici chez nous. Un peu perdu dans les rues de Bruxelles. Semblable à tant d'autres dont souvent je me méfie mais qui cependant attisent ma curiosité, m'attirent parfois.
Il est là, attablé à la terrasse de mon bistrot QG, entouré de personnes qui semblent le connaître et qui peut-être l'apprécient. Ils sont nombreux. Beaucoup d'hommes, quelques femmes assises près de lui, très attentives.
Je quitte le comptoir où j'étais accoudé, confiant aux verres mes idées sombres. Je tournais en rond dans ma tête et dans ma vie ...
Je sors. Je m'installe à une table voisine. Je tends l'oreille. Que dit-il? Que pourrait-il me dire?
Je ne me doutais pas à ce moment-là que je reviendrais si souvent pour l'écouter, lui parler et qu'il deviendrait la voix de ma "puissance intérieure".
La Loi ...
Jésus évoque cette "Loi" qu'il voudrait voir appliquée.
Quand on l'accuse de faire de la politique, d'être un agitateur, il s'en défend. Il voudrait que la Loi soit totalement accomplie et non abolie.
Je comprends que son discours remettait en question l'ordre politique, religieux et social de l'époque. La Loi viendrait en droite ligne de Moïse et devrait être respectée par les hommes.
Autour de lui, on proteste, on conteste, on l'accuse même de vouloir créer une secte. Il dérange
*
Il parvient à calmer quelque peu son auditoire:
- Vous aviez pourtant commencé à la comprendre cette Loi et à la mettre en oeuvre!
Eux:
-Mais quand, comment?
Il explique patiemment, s'aidant d'exemples concrets et de paraboles.
À un certain moment, il semble ne s'adresser qu'à moi. J'imagine devenir son seul interlocuteur.
Mais non.
Aujourd'hui comme hier, tous peuvent se sentir concernés. Si certains sont intéressés par ses propos, d'autres par contre s'éloignent, dubitatifs ou franchement critiques.
Quoi qu'il en soit, il ne laisse personne indifférent.
*
Il enseignerait peut-être de cette manière:
Au Moyen Âge, du sud au nord et de l'ouest à l'est de l'Europe, les universités chrétiennes et les monastères ont tissé un réseau, une toile, qui transmettait le savoir et la foi dans une même langue: le latin. On peut dire que l'Europe actuelle était en gestation.
Il poursuivrait:
En 1789 -peut-être même avant- votre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen s'inspira du Décalogue (les 10 commandements) .
Dans ma religion, le judaïsme, on parle de Paroles, ce que les chrétiens ont traduit par Commandements. Cela a pu induire que ceux-ci émanent d'un Dieu nécessairement autoritaire. "Commandement" ... un mot qui pourrait faire peur.
Je devine qu'il ironiserait: "Je ne sais pas si aujourd'hui je serais chrétien" ...
Il poursuivrait: "Tout un arsenal juridique fut construit sur le seul commandement: "Tu ne tueras point." Et qu'en faites - vous?
Une partie de son auditoire s'indignerait: "T'érigerais - tu en juge, à présent? Nul d'entre nous n'est coupable de tels crimes! Nous sommes d'honnêtes gens!"
Il les regarde et leur sourit, comme il le fait souvent quand il sont lents à comprendre.
Ce regard et ce sourire qui réconfortent et rassurent. Certains ne viennent d'ailleurs que pour ça.
Michel
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La plus belle chose que nous puissions éprouver c’est le côté mystérieux de la vie. C’est le sentiment profond qui se trouve au berceau de l’art et de la science véritables. Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement, ni surprise, est pour ainsi dire mort ; ses yeux sont éteints. L’impression du mystérieux, même mêlée de crainte, a créé aussi la religion. Savoir qu’il existe quelque chose qui nous est impénétrable, connaître les manifestations de l’entendement le plus profond et de la beauté la plus éclatante, qui ne sont accessibles à notre raison que dans leurs formes les plus primitives, cette connaissance et ce sentiment, voilà ce qui constitue la vraie dévotion : en ce sens et seulement en ce sens, je compte parmi les hommes les plus profondément religieux.
Je ne puis me faire l’illusion d’un Dieu qui récompense et punisse l’objet de sa réaction, qui surtout exerce sa volonté de la manière que nous l’exerçons nous-même. Je ne veux pas et ne puis pas non plus me figurer un individu qui survive à sa mort corporelle, que des âmes faibles par peur ou par égoïsme ridicule, se nourrissent de pareilles idées ! Il me suffit d’éprouver le sentiment du mystère de l’éternité de la vie, d’avoir la conscience et le pressentiment de la construction admirable de tout ce qui est, de lutter activement pour saisir une parcelle, si minime soit-elle, de la raison qui se manifeste dans la nature.
Einstein, Comment je vois le monde, Flammarion.
(à suivre sous l'onglet Enfin ... En fin)

